Se poser la question de savoir si les investisseurs seront les seuls gagnants ou les seuls perdants du projet est le mirage qui détourne des vraies questions et place les enjeux dans un mauvais contexte, seulement financier, présent et purement local.
En effet, j’ai commencé à écrire ces lignes en me reconnaissant citoyen du monde et jusqu’ici je n’ai gardé les yeux que sur Durbuy et Braine-le-Château. Il est temps de retirer les œillères et d’ouvrir les yeux.
De quoi parlons-nous ici ? De la somme extravagante de 110 millions d’euros qui serait investie sur quelques 500 hectares pour attirer un objectif monstrueux de 3.5 millions de visiteurs par an.
Ça fait peur. À juste titre pour un endroit confiné comme Durbuy. Ça en devient effrayant quand on entend Marc Coucke dire qu’il veut mettre en place quelque chose qui sera « plus grand que Disney Land ».
Pourtant… chiche ! Oui, chiche !
Mais oui voyons. C’est quoi un Disney Land ?
Eh bien allons au plus proche. Dysneyland Paris par exemple. Disneyland Paris, c’est un rameau de la constellation Walt Disney, rameau d’un groupe qui a réalisé 16.9 milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2016 et un résultat de 3.3 milliards de dollars. C’est ensuite :
La roche tarpéienne est proche du Capitole. Les gens ne supportent pas la monotonie. Il faut du changement et encore du changement. Et de plus en plus vite. Ils paient pour ça. Donc, Paris, c’est déjà un vieux parc. Maintenant on développe les Star War Park. Les enfants d’aujourd’hui ont passé l’époque de La Belle Au Bois Dormant et de Bambi. Si ce n’est déjà fait, les visiteurs parcourront les parcs en… drones ! Aux USA, la décision appartient pour l’instant à la FAA (Federal Aviation Administration) auprès de laquelle Disney a déposé une demande d’autorisation.
Parlons donc neuf, comme à Durbuy. Mais plus de quelques nouveaux kayaks ou VTT électriques ou de 10 tentes grand luxe… Il faut maintenant penser rafting grand format, drones et hôtels cinq étoiles. Et là, si on a l’espoir, sinon la prétention de drainer des trains entiers de japonais et de chinois, il va falloir compter avec la concurrence. Et la concurrence elle est déjà sur place et à pied d’œuvre. Mais pas à Durbuy, non, mais bien chez les clients convoités, directement chez eux !
C’est pourtant évident mon cher Watson : on est à l’ère du fast-food et du home delivery. Les délais de livraison restent actuellement les seuls freins au développement des achats commerciaux. Pour faire mieux que « livraison jour J + 1 », Amazon vient de mettre en phase test la livraison « avant que le client n’ait passé commande » (Non, ce n’est pas une blague, c’est très sophistiqué comme gestion informatique de l’information, et ce n’est cependant rien de plus que de la gestion « intelligente » de bases de données. En fait, c’est bête comme choux, au point que Amazon en a fait breveter l’idée l’an dernier déjà). Ainsi donc, au lieu de faire déplacer le touriste vers le parc d’attraction, on essaie d’apporter le parc d’attraction au client potentiel.
Paradoxe ou schizophrénie ? N’est-ce pas ce que fait Snoworld ? Apporter en plat pays, à Landgraaf, les plaisirs de la montagne, le froid, la neige et la glisse… À une altitude qui culmine à 157 mètres au-dessus du niveau de la mer… N’est-ce pas ce qu’on voudra faire demain sous les 35 degrés de l’été barcelonais ?
Pour les Disney Land, ils y ont déjà pensé aussi : Tokyo, Hong Kong ou le Shanghai Disneyland par exemple. Ce dernier en quatre points :
Là on fait dans le sérieux. L’importance de Durbuy sur la scène internationale devient tout de suite nettement moins impressionnante. Pour jouer dans la cour des grands et à armes égales, il va falloir trouver les moyens et être fichtrement inventif.
Pour l’anecdote, on se rappellera que, pour décider du lieu d’implantation du premier Disney Land, Walt Disney a fait plancher les économistes et les chercheurs du Standford Research Institute pendant 8 mois sous la direction de Harrison Alan Price, économiste-sociologue spécialisé dans « la manière dont les gens passent leur temps de loisirs et comment ils utilisent leurs ressources ». C’était en 1955. Cette équipe a proposé pas moins de 150 études différentes, uniquement pour proposer le nom d’un lieu où implanter DisneyLand. Anaheim en Californie sera retenu en tenant compte de tous les paramètres envisageables, aussi bien accessibilité que climat ou rentabilité. Harrison Price a continué sa collaboration avec le groupe Disney jusqu’en 2010 (année de sa mort) pour les études relatives aux implantations nouvelles. Il en a fait profession à part entière dans la Harrison Price Company. Les projets type Disneyland ne souffrent pas l’improvisation.
Mais revenons à nos moutons.
Admettons néanmoins que la concrétisation aboutisse. L’avenir n’en est pas gagné pour autant. Nous avons la mémoire fugace et sélective mais si on bouscule un peu son amnésie et qu’on secoue un peu Google, on se souviendra par exemple de :
J’arrête ici cette litanie morbide qui apparaît effrayante. À l’image des spectacles de désolation que vous pouvez voir en regardant les photos de ces endroits. « Y-a-ka cliquer », Google regorge de photos dont certaines sont d’ailleurs des véritables œuvres artistiques.
Et pourtant, cela ne représente jamais que quelques projets économiques, industriels ou commerciaux (appelez cela comme vous le voulez) parmi des centaines de milliers d’autres dans le monde. Ceux-là concernent plus particulièrement le tourisme, le divertissement et les parcs d’attractions.
En effet, j’ai commencé à écrire ces lignes en me reconnaissant citoyen du monde et jusqu’ici je n’ai gardé les yeux que sur Durbuy et Braine-le-Château. Il est temps de retirer les œillères et d’ouvrir les yeux.
De quoi parlons-nous ici ? De la somme extravagante de 110 millions d’euros qui serait investie sur quelques 500 hectares pour attirer un objectif monstrueux de 3.5 millions de visiteurs par an.
Ça fait peur. À juste titre pour un endroit confiné comme Durbuy. Ça en devient effrayant quand on entend Marc Coucke dire qu’il veut mettre en place quelque chose qui sera « plus grand que Disney Land ».
Pourtant… chiche ! Oui, chiche !
Mais oui voyons. C’est quoi un Disney Land ?
Eh bien allons au plus proche. Dysneyland Paris par exemple. Disneyland Paris, c’est un rameau de la constellation Walt Disney, rameau d’un groupe qui a réalisé 16.9 milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2016 et un résultat de 3.3 milliards de dollars. C’est ensuite :
- 22.3 kilomètres carrés
- 9.5 millions de visiteurs la première année, un maximum de 16 millions atteint en 2016 ; 320 millions de visiteurs en 25 ans, soit 1 Européen sur 2 ou l’équivalent de la totalité des américains !
- Des investissements cumulés sur 25 ans dont il serait laborieux de collecter les montants mais un Business plan 2017 annoncé prévoyant 210 millions d’euros d’investissements… d’entretiens par an sur 10 ans, soit 2.1 milliards d’euros.
- Mais c’est aussi une perte sèche de 260 millions d’euros dans les 6 mois qui ont suivi les attentats de Paris. Ce qui a certainement boosté les prises de décisions du Business Plan.
La roche tarpéienne est proche du Capitole. Les gens ne supportent pas la monotonie. Il faut du changement et encore du changement. Et de plus en plus vite. Ils paient pour ça. Donc, Paris, c’est déjà un vieux parc. Maintenant on développe les Star War Park. Les enfants d’aujourd’hui ont passé l’époque de La Belle Au Bois Dormant et de Bambi. Si ce n’est déjà fait, les visiteurs parcourront les parcs en… drones ! Aux USA, la décision appartient pour l’instant à la FAA (Federal Aviation Administration) auprès de laquelle Disney a déposé une demande d’autorisation.
Parlons donc neuf, comme à Durbuy. Mais plus de quelques nouveaux kayaks ou VTT électriques ou de 10 tentes grand luxe… Il faut maintenant penser rafting grand format, drones et hôtels cinq étoiles. Et là, si on a l’espoir, sinon la prétention de drainer des trains entiers de japonais et de chinois, il va falloir compter avec la concurrence. Et la concurrence elle est déjà sur place et à pied d’œuvre. Mais pas à Durbuy, non, mais bien chez les clients convoités, directement chez eux !
C’est pourtant évident mon cher Watson : on est à l’ère du fast-food et du home delivery. Les délais de livraison restent actuellement les seuls freins au développement des achats commerciaux. Pour faire mieux que « livraison jour J + 1 », Amazon vient de mettre en phase test la livraison « avant que le client n’ait passé commande » (Non, ce n’est pas une blague, c’est très sophistiqué comme gestion informatique de l’information, et ce n’est cependant rien de plus que de la gestion « intelligente » de bases de données. En fait, c’est bête comme choux, au point que Amazon en a fait breveter l’idée l’an dernier déjà). Ainsi donc, au lieu de faire déplacer le touriste vers le parc d’attraction, on essaie d’apporter le parc d’attraction au client potentiel.
Paradoxe ou schizophrénie ? N’est-ce pas ce que fait Snoworld ? Apporter en plat pays, à Landgraaf, les plaisirs de la montagne, le froid, la neige et la glisse… À une altitude qui culmine à 157 mètres au-dessus du niveau de la mer… N’est-ce pas ce qu’on voudra faire demain sous les 35 degrés de l’été barcelonais ?
Pour les Disney Land, ils y ont déjà pensé aussi : Tokyo, Hong Kong ou le Shanghai Disneyland par exemple. Ce dernier en quatre points :
- Ouverture en juin 2016
- Investissement initial : l’équivalent de 4.73 milliards d’euros. Si cela ne vous dit rien, c’est une liasse de 6.42 monts Everest en billets de 5 € ! ; 129 tonnes d’or soit plus de trois semi-remorques de lingots ou, si vous préférez une autre comparaison, 57 % de la totalité des réserves d’or de la Belgique conservées… non, grands naïfs que nous sommes d’avoir toujours bien avalé ce qu’on nous a appris à l’école, pas à la Banque Nationale de Belgique mais dans les coffres de la Banque d’Angleterre, de la Banque du Canada et de la Banque des Règlements Internationaux à Bâle (vérifiez si vous le souhaitez : https://www.nbb.be/fr/articles/reserve-dor ). Amusant de réaliser que le Royaume-Uni sortira de l’Union Européenne le 29 mars 2019 et que nous nous sommes comportés comme des marchands de tapis dans la renégociation du C.E.T.A. avec le Canada alors que ce sont ces pays qui détiennent notre portefeuille, « Isn’t it ? » comme on dit outre-manche. J’envie souvent les frères Dalton que je n’ai jamais crus, eux, merci Morris et René Goscinny, dupes de leur bêtise, le benêt Averell suggérant de « se livrer pour toucher la prime ». Mais on s’égare ici ! Retournons à Shanghai.
- Surface d’implantation : 405 hectares
- Nombre de visiteurs en janvier 2017 (6 premiers mois d’exploitation) : 7 millions.
Là on fait dans le sérieux. L’importance de Durbuy sur la scène internationale devient tout de suite nettement moins impressionnante. Pour jouer dans la cour des grands et à armes égales, il va falloir trouver les moyens et être fichtrement inventif.
Pour l’anecdote, on se rappellera que, pour décider du lieu d’implantation du premier Disney Land, Walt Disney a fait plancher les économistes et les chercheurs du Standford Research Institute pendant 8 mois sous la direction de Harrison Alan Price, économiste-sociologue spécialisé dans « la manière dont les gens passent leur temps de loisirs et comment ils utilisent leurs ressources ». C’était en 1955. Cette équipe a proposé pas moins de 150 études différentes, uniquement pour proposer le nom d’un lieu où implanter DisneyLand. Anaheim en Californie sera retenu en tenant compte de tous les paramètres envisageables, aussi bien accessibilité que climat ou rentabilité. Harrison Price a continué sa collaboration avec le groupe Disney jusqu’en 2010 (année de sa mort) pour les études relatives aux implantations nouvelles. Il en a fait profession à part entière dans la Harrison Price Company. Les projets type Disneyland ne souffrent pas l’improvisation.
Mais revenons à nos moutons.
Admettons néanmoins que la concrétisation aboutisse. L’avenir n’en est pas gagné pour autant. Nous avons la mémoire fugace et sélective mais si on bouscule un peu son amnésie et qu’on secoue un peu Google, on se souviendra par exemple de :
- Dadipark à Dadizele - Belgique, parc d’attraction belge fermé en 2002 pour cause de désaffection parce qu’un enfant y avait eu le bras arraché dans une attraction.
- Jazzlan / Six Flags New Orleans – USA , ravagé par l’ouragan Katrina en 2005 et abandonné depuis
- Okpo Land en Corée du Sud fermé en 1999 suite à une succession d’accidents. Là, le propriétaire a pris la fuite après le dernier accident. On le recherche encore.
- Streepark en Allemagne dans un district de Berlin, fermé en 2002 avec 11 millions de dettes
- Pripyat Amusement Park en Ukraine, fermé le jour de son ouverture, le jour de la catastrophe de Tchernobyl… le 27.04.1986
- Gulliver’s Kingdom au Japon – Pas de visiteurs, fermé en 2001, détruit en 2007
- Takakanonuma Greenland Park au Japon – 2 ans d’existence, fermé en 1999
- Nara Dreamland au Japon n’a pas résisté à la concurrence de Tokyo Disneyland – fermé en 2006
- Miracle Strip – USA – fermé en 2004 et remplacé par un centre commercial
- Pékin, Bejin, River Country en Floride…. Fermés et purement et simplement laissés à l’abandon comme les autres
J’arrête ici cette litanie morbide qui apparaît effrayante. À l’image des spectacles de désolation que vous pouvez voir en regardant les photos de ces endroits. « Y-a-ka cliquer », Google regorge de photos dont certaines sont d’ailleurs des véritables œuvres artistiques.
Et pourtant, cela ne représente jamais que quelques projets économiques, industriels ou commerciaux (appelez cela comme vous le voulez) parmi des centaines de milliers d’autres dans le monde. Ceux-là concernent plus particulièrement le tourisme, le divertissement et les parcs d’attractions.