On aime, ou on n'aime pas l'architecture moderne, déployé par Marc Coucke.
Mais dans un écrin de nature que l'on veut garder authentique, cela peut choquer.
Si on dit que l’argent n’a pas d’odeur, il n’en est pas pour autant totalement invisible et il reste le combustible de beaucoup de moteurs.
On pourrait se lancer dans une guerre des chiffres mais elle déboucherait sans doute, ici, sur peu de choses. Cependant, il faut bien admettre que des doutes naissent quand on feuillette des bilans ou la presse financière et qu’on confronte ces lectures aux intentions déclarées et à leurs réalisations. On ne peut donc pas ignorer les chiffres totalement, même s’ils rebutent.
Alors, un peu de courage et allons-y en essayant de les limiter au maximum.
Le point de départ est un peu arbitraire mais il en faut bien un. En feuilletant les bilans de la s.a. Durbuy Adventure (BE0453.918.131) qui est une des chevilles du projet, on découvre des choses assez interpellantes :
- Le chiffre d’affaire de la société a chuté de 41 % en 10 ans. L’exercice 2007 se clôturait au 31.12.2007 avec un chiffre d’affaires de 6 554 914 €. Celui clôturé au 31.12.2016 par un chiffre d’affaires de 3 849 996 €.
Dix années de chute constante. - En lisant le « Rapport de gestion sur l’exercice 2016 », rapport du Conseil d’Administration déposé en annexe au bilan en juin 2017, on peut lire que le chiffre d’affaire de l’exercice comptable concerné avait encore subi une chute de 16.1 % et qu’il y avait eu une augmentation des charges exceptionnelles. Le rapport dit : « Cette diminution est surtout due à l’arrêt de certaines activités (Quad, Karting, Paintball, etc…) La volonté étant d’avoir une approche plus écologique des activités de la société (…) Les charges salariales ont augmenté, car il a fallu agrandir les équipes en place avec la perspective future de donner un service de qualité supérieure aux clients »
- On peut donc voir que la société a décidé de modifier sa stratégie de développement. C’est le choix de ses administrateurs pour conjurer une faillite assurée. Il se concrétise par une augmentation de ses actifs de 3 159 244 €, soit :
* 62 000 € - acquisition du fonds de commerce Rome Adventure
* 132 600 € - système Outdoor
* 12 480 € - site web
* 634 864 € - aménagements de bâtiments
* 331 593 € - acquisition maison Polus
* 388 390€ - acquisition Julienas
* 191 160 € - nouveaux kayacs
* 30 160 € - matériel escalade
* 64 683 € - acquisition vélos
* 15 364 € - mobilier
* 44 026 € - matériel d’exploitation
* 22 318 € - matériel informatique
* 445 768 € - matériel roulant
* 1 473 466 € - construction et aménagements du centre d’activités à Rome
* 188 219 € - achat participations Rome détente
L’énumération détaillée est volontaire dans le chef des administrateurs de la société pour démontrer la crédibilité de leurs choix. Ils n’y étaient pas légalement tenus. Les durbuysiens seront mieux à même que moi d’apprécier ces choix même si, objectivement, chaque poste est un reflet significatif des options choisies. Je suis personnellement bien en peine de prendre parti et je ne sais pas si ce sont les bons choix de circonstance. Je n’ai jamais pratiqué Quad, Karting ou Paintball et je ne me suis jamais penché sur la question. Peut-être devrais-je. Par contre, je sais maintenant à quoi ressemble un rocher d’escalade made in Durbuy. - Le point 4 du rapport souligne que, au 31 mai 2017, le chiffre d’affaires a augmenté de 5.35 % par rapport au 31.05.2016. Cela paraît très encourageant aux yeux de l’actionnaire et de bon augure pour l’avenir.
Simple remarque critique d’un observateur non actionnaire : le taux de croissance devrait être de 70 % au moins si on voulait seulement retrouver le niveau de chiffre d’affaires d’il y a 10 ans… en valeur nominale, même pas en valeur réelle. - Le point 5 du rapport mérite aussi d’être reproduit : « Il est à signaler que le programme des investissements sur le site de Rome s’est poursuivi en 2017 et qu’il devrait être terminé mi-juillet 2017. Les investissements réalisés sur les 5 premiers mois de 2017 étaient de plus de 6 300 000 €. C’est principalement la rénovation des bâtiments et la mise en place des nouvelles activités, ainsi que l’achat et l’aménagement du ‘’Glamping’’. Ces investissements sont principalement financés par des apports en compte de l’actionnaire ‘’LPM Holding’’ ».
En y regardant de plus près, LPM Holding / ARE Holding / Alychlo / etc sont Marc Coucke. - N’empêche, au 1er juin 2017, la s.a. Durbuy Adventure avait perdu plus de la moitié de son capital et devait se conformer au prescrit de l’article 633 du code des sociétés. La société a pu prétendre pouvoir poursuivre ses activités grâce à l’apport en compte de 3 528 856 € de Marc Coucke et de 1 000 000 € de Bart Maerten « propriétaire » initial de la société.
On sera cependant attentif au fait qu’un apport en compte n’est pas un apport en capital… et que la récupération d’un apport en compte n’est pas aussi compliquée à réaliser qu’une diminution de capital pour redistribution aux actionnaires. Bref, dans le cas de figure présent, l’apporteur en compte principal est devenu, non pas le propriétaire de droit mais le propriétaire de fait de la s.a. Durbuy Adventure. Risques pénaux en moins en cas de faillite toujours possible pour une société présentant de tels chiffres. Dans la pratique journalière, Marc Coucke a simplement acquis le droit de vie et de mort sur la société. C’est un pouvoir de droit divin : un claquement de doigts et toute la construction s’écroule.
Tout est dans la nuance dans la finance.
Par ailleurs, en lisant la presse ou en écoutant les médias, on apprend que :
- Le paiement de la vente de Omega Pharma à Marc Coucke par la société américaine Perrigo s’est fait pour moitié en parts de la société Perrigo, soit plus de 600 millions d’euros.
Cet argent n’est pas du « cash » immédiatement disponible. Il ne pouvait être « converti » qu’à échéance de mars 2017 par la vente des actions. - En avril 2016, Marc Coucke quitte le Conseil d’Administration de Perrigo. Le vent d’un divorce douloureux souffle sur les intéressés.
- En décembre 2016, la société Perrigo dépose plainte contre Marc Coucke au motif que l’intéressé n’a pas été « honnête » dans le cadre de la cession.
- En juin 2017, c’est la réponse du berger à la bergère avec une plainte de Marc Coucke à l’encontre de Perrigo pour… les mêmes motifs de manque d’honnêteté dans la transaction qui lui sont reprochés.
- Et dans l’intervalle, Marc Coucke disparaît du classement des plus grandes fortunes du magazine Forbes de 2017…
La justification de Forbes est simple : la fortune de Marc Coucke était encore estimée à 1.16 milliards d’euros en mars 2016 (1.3 milliards en 2014 à la vente de Omega Pharma) mais en mars 2017 elle ne serait plus que de 558 millions d’euros. La cause ? La simple chute de la valeur des titres Perrigo. 35 % en 2016. Conséquence : selon Forbes, les 600 millions de titres Perrigo ne lui rapporteraient, au mieux, que… 148 millions d’euros si Marc Coucke voulait les vendre. Ce qui replace sa fortune « potentielle » totale à quelques 750 millions d’euros.
On peut imaginer que ça doit faire mal de voir ses 140, puis 415 millions d’euros « s’évaporer » sous ses yeux et réaliser sa totale impuissance pour pouvoir s’y opposer. Plus mal encore quand on peut supposer que l’évaporation ne va pas s’arrêter là.
Par conséquence il perd aussi son statut envié de milliardaire mais devient un WC (un Wallon Connu) comme il se plaît à le distiller dans les médias.
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