Pierre Dubois
Lettre ouverte à qui veut la lire
9. Le Bon Choix : ah si ce n’était que le titre d’un jeu radiophonique !
Mais revenons à Durbuy et considérons quelques chiffres encore.
Voilà deux problèmes à mettre en forme :
- Soit une société dont la rentabilité est quasiment nulle depuis toujours, voire négative (c’est le cas de la s.a. Durbuy Adventure ex La Petite Merveille), société qui a aujourd’hui des capitaux propres négatifs à hauteur de (-- 582 962) euros ; soit un apport en compte de 3.5 millions d’euros dans une société qui réalise un chiffre d’affaires de 3.8 millions d’euros et une perte de 1.1 million d’euros au dernier exercice.
Question : comment récupérer l’avance en compte et espérer dégager un profit ?
Quelques indices pour faire avancer le schmilblick : on peut fiscalement « récupérer » les pertes des exercices antérieurs, recevoir des parts en contrepartie d’un apport, transformer un compte personnel en apport en capital, réaliser le remboursement d’un apport en numéraire, etc pour arriver, in fine à prendre possession d’une société sans réellement l’acheter… Tout est dans la nuance dans la finance. Même sans recourir à des montages sophistiqués des PaPaPa. - Parallèlement, soit une société hollandaise de ski indoor, Snoworld, qui fait un chiffre d’affaire de 25.5 millions d’euros et qui dégage un profit de près de 2.5 millions d’euros en 2015-2016 et soit un investisseur (Marc Coucke pour ne pas le nommer) qui investit 12 millions d’euros pour prendre 64 % des parts de ladite société. En disant les choses trivialement, on dira qu’il existe de multiples manières de « se payer sur la bête » mais restons simple et courtois et disons : soit alors un investisseur qui pourra désormais prétendre à 64 % des bénéfices, soit donc sur la base de ceux dégagés dans le dernier exercice, 64 % de 2.5 millions, soit 1.6 millions d’euros, soit une rentabilité immédiate de 13 % du capital investi. Pas mal comme retour, non ? Sans rien faire, seulement en regardant les skieurs dévaler les pentes de neige artificielle pendant l’année qui vient.
Question : comment faire croire au vendeur septuagénaire que je vais enfin insuffler le souffle qui manquait à sa société, faire exploser son développement dans toute l’Europe et qu’il peut sereinement se retirer à la campagne pour filer des derniers jours riche et heureux ? La presse détaille que le propriétaire conserve 36 % des parts et un siège au conseil d’administration de la société. La presse explique aussi que l’on vient de réaliser que les projets de développement en Italie et Barcelone souffrent déjà de sérieux problèmes de réalisation. Tiens, j’ai l’impression d’avoir déjà vu un scénario comparable quelque part. Qui ose ouvrir les paris sur « qui va attaquer qui en justice le premier » ? - Question subsidiaire : dans l’intervalle, qu’est-ce qui motivera le plus un investisseur qui vient de perdre 415 millions d’euros, La Petite Merveille ou Snoworld ?