Marc Blasband
Les Pissotières vues de Durbuy
Souvenez-vous, le 24 mai 2016, avec Bart Maerten et Marc Coucke, la grande finance envahissait Durbuy. Les promoteurs promettent qu’il n’y aura plus d’acquisitions supplémentaires, vraisemblablement pour étouffer les oppositions. Ils affirment aussi que leur projet sera authentique Ardennais. Nous avons eu depuis, le Gin Ardennais, Adventure Valley Durbuy, un nom très local, des attractions qui dépareillent le paysage et qui sont plus des réminiscences d’Indiana Jones que de nos traditions ou de la nature qu’ils disent respecter. Ils se vantent en effet d’avoir l’âme verte, mais propagent la voiture au lieu du train, avec les parkings et la destruction des arbres qui y sont liés.
Pouvons-nous faire confiance à ces gens, malgré leurs millions et leurs milliards ?
Ils reviennent maintenant avec cette idée mégalomane d’un musée avec les œuvres de Marcel Duchamp que possède Marc Coucke. Alors que j’aime bien cet artiste iconoclaste qui connaissait l’art d’irriter le bourgeois et de lui soutirer des dollars, je dois reconnaître que ce musée n’a pas lieu d’être à Durbuy. Cela ne correspond en rien à la culture locale.
Pensez-y, il a placé une pissotière au beau milieu d’une exposition d’œuvres d’art, tableaux et sculptures. C’était il y a 100 ans.
Nous désirons marquer cet anniversaire et faire aussi de l’art. Toutes ces pages sont dédiées aux pissotières de Durbuy et environs. Faites-nous parvenir vos photos que vous aimeriez voir dans ces pages et participez à ce projet collectif.
Certaines de celles-ci sont à vendre, à un prix digne de Duchamp. Nous publierons toutes ces photos pour Noël dans une édition luxueuse, sur papier vélin, à réserver au prix de 1500 euros.
Marc
Pouvons-nous faire confiance à ces gens, malgré leurs millions et leurs milliards ?
Ils reviennent maintenant avec cette idée mégalomane d’un musée avec les œuvres de Marcel Duchamp que possède Marc Coucke. Alors que j’aime bien cet artiste iconoclaste qui connaissait l’art d’irriter le bourgeois et de lui soutirer des dollars, je dois reconnaître que ce musée n’a pas lieu d’être à Durbuy. Cela ne correspond en rien à la culture locale.
Pensez-y, il a placé une pissotière au beau milieu d’une exposition d’œuvres d’art, tableaux et sculptures. C’était il y a 100 ans.
Nous désirons marquer cet anniversaire et faire aussi de l’art. Toutes ces pages sont dédiées aux pissotières de Durbuy et environs. Faites-nous parvenir vos photos que vous aimeriez voir dans ces pages et participez à ce projet collectif.
Certaines de celles-ci sont à vendre, à un prix digne de Duchamp. Nous publierons toutes ces photos pour Noël dans une édition luxueuse, sur papier vélin, à réserver au prix de 1500 euros.
Marc
Le génie de Marcel Duchamp :
Il y a exactement cent ans, en 1917, Marcel Duchamp a révolutionné le monde de l’art en inventant le « ready made ». Bravo pour le mot, me direz-vous, mais que signifie-t-il ?
Marcel était de ceux qui veulent révolutionner la conception même d’œuvre d’art. Dans son petit imperméable, marchant dans les rues de Paris, alors peintre débutant, il pense : on lui propose d’exposer ses œuvres. Bien. Il visite alors un grand magasin, et attrape une idée qui passe : il va y acheter un porte-bouteilles et le poser dans la galerie d’exposition sans le modifier le moins du monde. Un objet du plus grand quotidien deviendra, par la seule volonté de l’artiste, une œuvre d’art.
Et voilà sa découverte : l’œuvre n’est plus le résultat d’un travail immense, long et patient, il est le fruit de la volonté de l’artiste. Et par ce geste, il pose trois questions : tout d’abord le droit à la paresse (peut-on ne rien faire que de poser un porte-bouteilles?), puis le regard de chacun sur les objets du quotidien (si un porte-bouteille est une œuvre d’art, pourquoi pas un tire-bouchons ? Un peigne ? Une chaussette sale?), enfin il pose la question de la valeur marchande en clamant silencieusement : « Si vous êtes assez bêtes pour entrer dans mon jeu, vous allez payer des cent et des milles pour acheter un porte-bouteille de supermarché uniquement parce qu’il porte ma signature ! »
Où est la beauté ? Où est l’éternité ? La philosophie en prend un coup. La réflexion sur ce domaine se renouvelle. Et le capitalisme entre en jeu. Oui : tout à coup, le marché de l’art flambe et on achète du Van Gogh plusieurs millions, du Turner, du Watteau, du Duchamp à coups de portefeuille et de virement bancaire exorbitants. Les artistes, morts pour la plupart, ne voient jamais la couleur de cet argent. Ce ne sont que placements, virements, investissements. Il ne s’agit plus aujourd’hui de faire vivre un artiste de son travail (y a-t-il encore travail ? Duchamp l’a renié), il s’agit de cacher l’argent sale avec des œuvres de couleur, de blanchir des trafics en invoquant la culture.
Un peu plus tard, Duchamp va encore plus loin en proposant une pissotière. L’objet le plus sale, le plus dégoûtant que la société d’ aujourd’ hui ait inventé. On la manipulerait avec des gants. Le nettoyage de ces objets est réservé à des femmes mal payées pour ces tâches on ne peut plus basses. Et Marcel, dans son manteau en vison, en fait une œuvre d’art. Il clame encore « Si vous êtes assez bêtes pour entrer dans mon jeu, vous allez payer des cent et des milles pour acheter une pissotière uniquement parce qu’elle porte ma signature ! » La pissotière de Marcel a atteint en 1999 la somme de 1 762 500$ !!
Et certains ajoutent « J’ai la plus grande collection de Marcel Duchamp! » avec un sourire face à la caméra. S’il y a des imbéciles pour entrer dans ce jeu là, tant mieux. Et si l’un d’entre eux est fier d’en avoir la plus grande collection, il doit être fier d’être le plus grand imbécile.
Timotéo
Il y a exactement cent ans, en 1917, Marcel Duchamp a révolutionné le monde de l’art en inventant le « ready made ». Bravo pour le mot, me direz-vous, mais que signifie-t-il ?
Marcel était de ceux qui veulent révolutionner la conception même d’œuvre d’art. Dans son petit imperméable, marchant dans les rues de Paris, alors peintre débutant, il pense : on lui propose d’exposer ses œuvres. Bien. Il visite alors un grand magasin, et attrape une idée qui passe : il va y acheter un porte-bouteilles et le poser dans la galerie d’exposition sans le modifier le moins du monde. Un objet du plus grand quotidien deviendra, par la seule volonté de l’artiste, une œuvre d’art.
Et voilà sa découverte : l’œuvre n’est plus le résultat d’un travail immense, long et patient, il est le fruit de la volonté de l’artiste. Et par ce geste, il pose trois questions : tout d’abord le droit à la paresse (peut-on ne rien faire que de poser un porte-bouteilles?), puis le regard de chacun sur les objets du quotidien (si un porte-bouteille est une œuvre d’art, pourquoi pas un tire-bouchons ? Un peigne ? Une chaussette sale?), enfin il pose la question de la valeur marchande en clamant silencieusement : « Si vous êtes assez bêtes pour entrer dans mon jeu, vous allez payer des cent et des milles pour acheter un porte-bouteille de supermarché uniquement parce qu’il porte ma signature ! »
Où est la beauté ? Où est l’éternité ? La philosophie en prend un coup. La réflexion sur ce domaine se renouvelle. Et le capitalisme entre en jeu. Oui : tout à coup, le marché de l’art flambe et on achète du Van Gogh plusieurs millions, du Turner, du Watteau, du Duchamp à coups de portefeuille et de virement bancaire exorbitants. Les artistes, morts pour la plupart, ne voient jamais la couleur de cet argent. Ce ne sont que placements, virements, investissements. Il ne s’agit plus aujourd’hui de faire vivre un artiste de son travail (y a-t-il encore travail ? Duchamp l’a renié), il s’agit de cacher l’argent sale avec des œuvres de couleur, de blanchir des trafics en invoquant la culture.
Un peu plus tard, Duchamp va encore plus loin en proposant une pissotière. L’objet le plus sale, le plus dégoûtant que la société d’ aujourd’ hui ait inventé. On la manipulerait avec des gants. Le nettoyage de ces objets est réservé à des femmes mal payées pour ces tâches on ne peut plus basses. Et Marcel, dans son manteau en vison, en fait une œuvre d’art. Il clame encore « Si vous êtes assez bêtes pour entrer dans mon jeu, vous allez payer des cent et des milles pour acheter une pissotière uniquement parce qu’elle porte ma signature ! » La pissotière de Marcel a atteint en 1999 la somme de 1 762 500$ !!
Et certains ajoutent « J’ai la plus grande collection de Marcel Duchamp! » avec un sourire face à la caméra. S’il y a des imbéciles pour entrer dans ce jeu là, tant mieux. Et si l’un d’entre eux est fier d’en avoir la plus grande collection, il doit être fier d’être le plus grand imbécile.
Timotéo